Ma soirée de badminton est sur le point de commencer. J’ai donné rendez-vous à Marc, un mec rencontré sur un réseau de rencontre en ligne, près de la porte d’entrée, à l’extérieur de l’école où je joue.
J’arrive au lieu de rencontre et il n’y est pas encore. Par contre, c’est plutôt Martin, mon fameux partenaire de badminton inconnu-connu, qui se pointe une minute plus tard. Je n’ai toujours pas décidé de son sort : il m’a atteint dans mon orgueil lors de notre premier rendez-vous, mais il demeure un candidat avec du potentiel. J’avoue toutefois que je suis mal à l’aise de le croiser au gymnase alors que j’y ai invité un autre prospect.
– Salut Anik! Ça va ? On joue ensemble ce soir ?
– Euh… Peut-être bien. En fait, j’ai un ami qui vient aussi essayer ce soir, alors on verra.
– Un vieil ami?, me dit-il avec un air plein de sous-entendus…
– Oui, c’est ça… (Disons que comme il a 40 ans, je vais considérer ma réponse comme une demie- vérité. Ce n’est pas un ami de longue date, mais il n’est pas « jeune » non plus, alors… Enfin, j’essaie de me convaincre que j’ai tous les droits de répondre ainsi.)
Martin entre et j’attends quelques instants, puis Marc se pointe enfin. De grandeur moyenne, d’aspect plutôt athlétique, la première impression que j’ai de lui s’avère somme toute agréable. Encore une fois, ce n’est ni Brad Pitt, ni Johnny Depp, mais son regard allumé me plaît beaucoup, de même que ses cheveux bruns un peu fous. Il faut dire que c’est la première fois que je le vois, nos quelques échanges ayant été virtuels et téléphoniques jusqu’alors.
Comme il partageait ma passion pour le badminton, j’avais pensé l’y inviter. J’ai lu quelque part que les hommes appréciaient davantage les rendez-vous « actifs » que les cafés, alors je tente d’appliquer le principe pour voir. Et je dois dire que je suis dans mon élément sur un court de badminton. Cependant, je ne sais trop si je vais être en mesure de me mettre en mode séduction sachant que Martin peut me voir à l’œuvre en tout temps. Je tiens quand même à garder mes « dossiers » ouverts, mais je n’ai pas l’habitude d’en traiter deux en même temps. En fait, désolée de vous décevoir, mais les trip à 3, je n’ai jamais encore essayé… (De toute manière, les hommes, ils veulent toujours faire ça avec deux femmes… alors que le contraire serait tellement plus intéressant à mon avis. Hi ! Hi!)
– Anik ?, me lance Marc avec l’œil inquisiteur.
– C’est ça! Mais tu peux aussi m’appeler la déesse du badminton! Hi! Hi! Tu dois être Marc ?
– Oui, mais tu peux aussi m’appeler le Dieu du sport ! (Hummm… dommage qu’il ne soit pas le Dieu du sexe, j’aurais sûrement apprécié!)
Nous rions de bon cœur, puis nous entrons dans le gymnase. Le responsable, un italien sympathique d’une soixantaine d’années, me salue chaleureusement.
– Tu n’es pas venue avec ton mari ?
– Non, Nick, je t’ai dit que nous n’étions plus ensemble déjà… Ça fait déjà plusieurs mois… Rappelle-toi…
– Quel dommage! Et trois enfants, à part ça!
Pauvre Nick, il garde toujours espoir que je retourne avec mon mari, lui aussi joueur de badminton au même endroit. Il a l’air de voir d’un mauvais œil que j’amène un autre homme à la pratique. Mais bon, je ne peux lui en vouloir pour ça, même si mon partenaire a dû se demander, l’espace d’un instant, si je ne me cherchais pas un amant plutôt qu’un amoureux officiel (quoique, je demeure sur l’impression que peu d’hommes s’en formaliseraient : du sexe sans responsabilités, quoi de mieux ? Chéri, fais-moi l’amour… et pas besoin de sortir les poubelles, je m’en occupe !)
Je regarde le tableau de jeu. Le principe est simple : on dépose notre jeton et on joue avec les trois autres personnes qui sont sur la même ligne du tableau. Marc et moi plaçons ainsi nos prénoms sur la ligne numéro 4, puis passons au vestiaire pour enfiler nos vêtements de sport.
Lorsque je reviens, je constate que le coquin de Martin a mis son jeton sur la même ligne que Marc et moi… hummm… Toute une séance de séduction s’annonce… Par ailleurs, le quatrième joueur n’est nul autre que mon bon ami Pierre, un dragueur invétéré que je soupçonne de me trouver à son goût, même s’il est marié (non, je n’ai pas couché avec si vous voulez savoir). La rencontre promet… Je risque d’y perdre non pas la partie (cette possibilité ne m’effleure même pas l’esprit), mais mes chances de séduire Marc ou encore Martin…
Nous nous avançons vers le terrain et le premier combat prend forme : les trois coqs doivent lutter pour avoir la chance d’être mon partenaire. Qui l’emportera ? La suite, jeudi…
Crédit photo : © Frau Blau Auf Pauli