Après vérification avec Martin, nous jouons bel et bien au badminton au même endroit, et ce, les mêmes lundis alternés depuis janvier. Donc, si mes calculs sont bons, nous nous sommes croisés au moins 8 fois. Et pourtant, fait incroyable, ni moi ni lui n’avons remarqué la présence de l’autre sur le terrain. Pourtant, le gymnase est petit : seulement six terrains de jeux. Et pire : nous devons être les deux seules personnes dans la trentaine, et célibataire de surcroît, là-bas, car la plupart des joueurs sont plus vieux.
J’avoue que ça et une claque dans le visage, c’est pratiquement du pareil au même. Moi qui pensais être remarquable (ah, laissez-moi mes illusions, de grâce, à défaut d’une vie sexuelle active), je viens de frapper tout un mur. Le mec ne m’a même pas reconnue (moi non plus, mais je suis plus encline à pardonner quand il s’agit de moi). J’en déduis que je ne peux forcément pas être trop de son genre.
– Bon, on ne s’est même pas remarqués. C’est fort! Pourtant, on m’a souvent dit que j’avais un style de jeu admirable : j’ai l’air d’une gymnaste quand je joue!
– Ah! C’est toi qui fait la « split » sur le terrain ! Là, je te replace !
Il me replace probablement les jambes et les fesses, oui! Ah, les hommes, tous pareils ! Il enchaîne :
– Je me rappelle, maintenant. Nous avons joué ensemble, il y a trois semaines !
Sincèrement, je ne m’en souviens pas. Ça me surprend, parce que pourtant, il est bel homme. Mais je comprends maintenant pourquoi j’avais une légère impression de déjà vu en le rencontrant.
Enfin, constatant à quel point nous ne nous sommes ni l’un ni l’autre remarqués aux premiers abords, j’en conclus, peut-être à tort, que je ne dois pas être trop de son genre. Par ailleurs, j’avoue que je suis mal à l’aise avec le fait de fréquenter un joueur régulier du badminton. Si ça tourne mal ensuite, ça va me gâcher mes soirées de devoir le côtoyer, et il est hors de question que je change de journée de pratique. Mes amis mâles y sont justement et je veux pouvoir m’amuser à ma guise. En tout cas, je serai mal à l’aise à notre prochaine séance de raquette, parce que j’ai justement invité un prétendant potentiel, autre amateur de badminton, à venir jouer, juste pour une fois. Quel plaisir j’aurai de lui présenter Martin! (Sentez-vous l’ironie ici?)
Définitivement, il ne faut pas mêler loisirs personnels et amour… Mais bon, la session de badminton tire à sa fin. Peut-être que lorsqu’elle sera terminée, je donnerai sa chance à Martin… Je quitte le repas en laissant une porte ouverte à d’autres rencontres, mais le fait qu’il ne m’ait pas replacée (ou draguée directement au badminton) m’échaude, pour le moment. Ou plutôt, je l’avoue, attaque drôlement mon orgueil.
J’ai l’impression que je ferais mieux de me trouver un autre moineau ! Le badminton me portera-t-il davantage chance avec Marc ? À suivre… lundi!